Ellen Carey + Tomas Van Houtryve - Noir et blanc, topographies
31 octobre – 23 décembre 2024
Pour le troisième volet de leur collaboration, les galeries Miranda et baudoin lebon presentent des œuvres rares en noir et blanc d'Ellen Carey (1952, américaine) issues de ses premières séries d'expérimentations en chambre noire Dings & Shadows (2011) et Photogenic Drawings (1999-2004), dont les reliefs froissés et sculpturaux sont proposés en dialogue avec des photographies récentes de Tomas van Houtryve (1975, belge-americain), de la cathédrale Notre-Dame de Paris, issues de sa série Thirty Six Views of Notre-Dame réalisée à la suite de la grande incendie de 2019, en partenariat avec le EPRNDP (Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris). Les images documentaires de van Houtryve sont réalisées avec différentes techniques, du XIXe au XXIe siècle, faisant écho à la pratique contemporaine de Carey avec des processus photographiques historiques.
CAREY, ELLEN (representée par Galerie Miranda)
Née à New York en 1952, Ellen Carey est contemporaine du mouvement artistique « Pictures Generation » et de l'avant-garde Buffalo, aux côtés de Cindy Sherman et Robert Longo. Artiste-photographe, enseignante, chercheuse, critique et commissaire d'exposition, elle est professeure agrégée de photographie à la Hartford Art School de l'Université de Hartford-Connecticut. En tant qu'artiste visuel, Carey bouleverse les histoires collectives de l'art et de la photographie à travers une pratique de l'abstraction qui explore la structure et les racines de la non-couleur en monochrome noir, blanc et gris tandis que sa palette de couleurs reflète la théorie photographique des couleurs RGB=YMC comme point conceptuel de départ, ajoutant du contenu au contexte aux courtes histoires collectives de la photographie en couleur.
Ses photographies ne représentent pas les relations objet-sujet mais plutôt le double jeu entre ombre et lumière, que l'artiste explore tantôt dans un travail minimaliste en noir et blanc, tantôt à travers des images en forme de kaléidoscopes, déclinées dans une infinité de couleurs multicolores ou monochromes. Ellen Carey a récemment fait l'objet de deux expositions personnelles : Light Struck (Fox Talbot Museum, Angleterre) qui fait écho à Struck by Light (New Britain Museum of Art, États-Unis, 2023-24)., toutes deux prolongées et qui ont ensemble accueilli plus de 250,000 visiteurs. À Paris, son travail a récemment été présenté dans deux expositions collectives à la Bibliothèque Nationale de France : Épreuves de la Matière (2023-24) et Noir & Blanc : une esthétique de la photographie (2023-24). En 2018, l’artiste a été désignée par la Royal Photographic Society (RPS) comme l’une des 100 femmes photographes les plus influentes au monde. Ses images uniques et expérimentales ont été présentées dans plus de 70 expositions personnelles et des centaines d'expositions collectives.
Series Dings & Shadows & Photogenic Drawings, issues de la pratique Struck by light :
« Lorsque j’étais enfant, je dessinais. Elevée comme catholique, les vitraux rassemblaient lumière
et couleurs. Ellen, mon nom, signifie apporteur de lumière en irlandais, gaélique et celtique ; la
destinée et le sort m’ont amenée à la photographie » (2018, extrait d'interview avec Eye Prefer
Paris).
« Struck by Light est le nom générique de ma pratique artistique réalisée depuis 1988, sans appareil, en chambre noire (camera obscura), où aucune lumière n'est autorisée sauf lors de l'exposition, le même procédé du photogramme depuis ses premiers expérimentateurs du XIXe siècle: William Henry Fox Talbot (1800-1877) et sa contemporaine, la victorienne Anna Atkins (1799-1871), la première femme pratiquante et la première en couleur. Plus tard à Paris, Man Ray (1890-1976) perpétue cette tradition avant-gardiste comme bien d'autres, comme Moholy-Nagy. La plupart des photogrammes impliquent de placer un objet (feuille/dentelle) sur la surface d'un papier sensible à la lumière, en utilisant le soleil pour activer l'exposition, d’où le terme « images solaires » (‘sun pictures) du 19e siècle. Le résultat final était une image négative, une silhouette fantomatique du contour de l’objet, son « ombre ». Le tirage négatif
de Talbot a été pris pour son positif (1840), faisant de l’axe négatif/positif et la dualité les fondements de la photographie. » - Ellen Carey
VAN HOUTRYVE, TOMAS (representé par baudoin lebon)
Né en 1975 et de nationalité belgo-américaine, l'artiste Tomas van Houtryve a initialement étudié la philosophie à l'université du Colorado. Connu pour sa maîtrise d’un large éventail de techniques photographiques, allant du collodion humide sur plaque de verre du XIXe siècle à la réalité augmentée et aux drones aériens, il explore dans ses travaux notre rapport à l’identité, à la mémoire et au pouvoir. Les travaux de Tomas van Houtryve ont été présentés dans le monde entier notamment à la galerie baudoin lebon à Paris, au BOZAR Centre for Fine Arts à Bruxelles, à l’International Center for Photography Museum à New York, au Museum für Fotografie à Berlin, au C/0 Berlin, au British Museum à Londres, au Fotografisk Center à Copenhague et au Museum of Contemporary Photography à Chicago. Il a également reçu de nombreuses récompenses ; dont le prix Roger Pic, le prix CENTER, la bourse CatchLight/Pulitzer, le prix de la Fondation Hasselblad, le prix Infinity de l’ICP. Auteur de plusieurs ouvrages (Behind the Curtains of 21st Century Communism, 2012 ; Lines and Lineages, Radius Book (2019), Tomas van Houtryve consacre régulièrement du temps à l’éducation à l’image. En partenariat avec le Pulitzer Center, il intervient dans les lycées et les universités de Californie, du Colorado, du District of Colombia, du Maryland, du Missouri, de New York, de Caroline du Nord, de Pennsylvanie, de Virginie et de France. Représenté par la galerie baudoin lebon, il est membre de l’agence VII depuis 2010.
Serie Thirty-Six Views of Notre-Dame
Icône, exploit architectural, sanctuaire religieux, sujet et muse, Notre-Dame de Paris incarne de multiples significations. Depuis l’invention de la photographie en 1839, les photographes n’ont cessé de la photographier, jusqu’au dramatique incendie du 15 avril 2019. Tomas van Houtryve photographie Notre-Dame depuis 2009, d'abord de manière informelle, ensuite dans le cadre d'une commande pour suivre les travaux de restoration après l'incendie de 2019. Choississant de travailler avec un appareil photo en bois du XIXe siècle et le procédé au collodion humide, Van Houtryve cherche des parallèles avec la précédente restauration de Notre-Dame au milieu du XIXe siècle, menée par l'architecte Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc. S’inspirant de la série Trente-six vues du mont Fuji de Katsushika Hokusai, Van Houtryve revisite l’icône parisienne dans des situations uniques et inattendues. Grâce à un ensemble de techniques anciennes et nouvelles - le collodion humide et du cyanotype à la vidéo par drone et à l’intelligence artificielle - il remet en question et réinterprète la représentation visuelle de Notre-Dame.
« Tomas van Houtryve est parvenu à representer l'immensité historique, architecturale, spirituelle, artistique et humaines que réprésente Notre-Dame. »
-----Pauline Vermare, 'Thirty- Six Views of Notre-Dame', Radius Books, 2024
Communiqué de presse - Ellen Carey + Tomas van Houtryve