Arles à Paris, 1ere partie
Chuck Kelton & Jean-Pierre Sudre
Photographie expérimentale, un dialogue
7 septembre - 3 octobre
Visite virtuelle
Pour la rentrée 2023 la galerie est heureuse de proposer à Paris son exposition arlésienne 'pop-up' de juillet dernier organisée en collaboration avec la galerie quand les fleurs nous sauvent.
Des photogrammes et chimigrammes uniques de Chuck Kelton (1952, américain), artiste exposé pour la première fois à la Galerie Miranda en 2021, seront présentés en dialogue avec les photographies expérimentales issus de la série 'M + V, Matière et Végétal' de Jean-Pierre Sudre (1921-1997, français, et un des fondateurs du festival des Rencontres d'Arles).
Chuck Kelton travaille hors de la chambre noire, passant des mois à faire des esquisses et à concevoir chaque œuvre. Maître imprimeur, Kelton est également un collectionneur passionné de photographies, de manuels pratiques et d'équipements de la photographie du 19è siècle. Une partie de son matériel et de ses techniques tels la chlorure d'or et le sélénium, sont utilisés dans sa pratique artistique en même temps que la chimie photographique classique, afin de révéler une palette de couleurs chaudes sur des papiers argentiques photosensibles traditionnels. Le travail de Chuck Kelton peut évoquer la peinture à l'huile, l'aquarelle, le dessin à la craie ou au fusain. Ses cieux luminescents font référence aux toiles de Turner, de Constable, aux photographies de Gustave le Gray. Kelton décrit son approche comme de la ‘calligraphie avec la chimie’ et il croise différentes techniques, notamment le photogramme, crée en exposant du papier photosensible à la lumière, ou ‘écrire avec de la lumière', et le chimigramme, crée en exposant du papier photo sensible au révélateur et au fixateur, ou ‘écrire avec la chimie'. Il plie souvent le papier en deux - acte interdit dans la photographie - créant ainsi une rupture visuelle entre les deux parties de la feuille, rupture qui devient pour le spectateur une ligne d'horizon qui organise une profondeur de champs de l'image.
Jean-Pierre Sudre a développé une esthétique marquée par le travail en chambre noire et par des expérimentations sur les tirages – comme le procédé chimique du mordançage, qui attaque le support de l'image et donne cette profondeur magnétique. Il métamorphose les objets par une photographie du détail où l’anecdotique devient l’essence même du sujet, que ce soit pour ses natures mortes ou ses "M+V" [minéral + végétal] plus tardives. Dans cette même série, Jean-Pierre Sudre recrée des paysages abstraits sur des plaques de verre, sur lesquelles il dépose ensuite des végétaux laissant une empreinte spectrale.
"Pour la série M+V, ayant beaucoup photographié le monde végétal [...] je me suis donc approché des choses dans le mystère de cette nature, aux pieds des arbres, des mousses..., c’était un travelling sur ces choses sur lesquelles on marche et qui sont d’une grande beauté"
Jean-Pierre Sudre à Jean-Claude Gautrand dans un entretien pour la MEP en 1994.